mardi 16 avril 2013

L'attitude développé par la Bible à l'égard de l'enracinement est donc extrêmement ambiguë. La sédentarité, par opposition au nomadisme, y est valorisée de façon négative. Eisenberg et Abecassis vont jusqu'à y lire une condamnation du patriotisme, "sentiment païen fondé sur la relation charnelle de l'homme avec la terre, identique à la relation filiale où l'enfant est déterminé génétiquement".
Dans la Bible, l'univers est donc conçu comme un monde sans frontières spatiales, mais limité dans le temps, tandis que, dans le paganisme, il est conçu comme un monde illimité dans le temps, mais où il appartient à l'homme de tracer des frontières spatiales. Les frontières dans l'espace instituent l'homme en maître du lieu qu'il occupe. Les frontières dans le temps, césures absolues, montrent seulement tout ce qui distingue l'homme de Dieu. Dans un cas, on a l'enracinement et la  spécificité; dans l'autre, la vocation à l'universalisme et à la déterritorialisation. "L'implantation dans un paysage, l'attachement au lieu, sans lequel l'univers deviendrait insignifiant et existerait à peine, écrit encore Lévinas, c'est la scission même de l'humanité en autochtones et en étrangers.

Alain De Benoist, Comment peut-on être païen?